Creations de Dejan Stojkov : résumer l’histoire de la Serbie en 3 minutes

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Si vous êtes ici, c’est que vous souhaitez en apprendre un peu plus sur Dejan Stojkov et son oeuvre “Creations” projetée dans le cadre des Nuits Lumière ! Cet été encore, nous vous accompagnons dans les rues de Bourges pour découvrir ou redécouvrir les illuminations estivales des Nuits Lumière. Pour cela, rien de plus simple : mettez vos écouteurs, chaussez vos meilleures baskets et sortez une fois la nuit tombée.

Bourges 2028 et les Nuits Lumière

Sur la façade de l’ancienne mairie, cet été, vous pourrez découvrir ou redécouvrir les univers de Dejan Stojkov (basé à Novi Sad en Serbie) et Maximilianas Oprishka (vivant à Kaunas en Lituanie). Je suis allée enquêter sur ces productions afin de percer tous leurs mystères pour vous en 2023, pour le lancement de cette nouvelle saison des Nuits Lumière. Pour cela, rien de mieux que de contacter les artistes eux-mêmes, qui ont accepté de répondre à mes questions !

Mais pourquoi un serbe et un lituanien sont-ils projetés dans la capitale du Berry ?

Bourges est candidate au titre de capitale européenne de la culture 2028, et fait partie des finalistes pour le titre, dont le lauréat sera annoncé en décembre 2023. Et devinez quoi ? Novi Sad en Serbie et Kaunas en Lituanie ont été les capitales européennes de la culture en 2022 ! Ces deux scénographies viennent rappeler la dimension européenne de ce projet auquel Bourges est candidate.

Que nous racontent ces œuvres numériques ?

Pour le savoir, vous avez deux solutions :

  1. La version audio : Mettez vos écouteurs, et rendez-vous sur notre site pour découvrir les deux nouveaux épisodes de “Mes Nuits bleues”.
  2. Lire cet article pour découvrir tout ce que j’ai pu apprendre de mes échanges avec l’artiste Dejan Stojkov. Je vous ai également préparé un article sur l’œuvre audiovisuelle de Maximilianas Oprishka.

Vous préférez la lecture et la version détaillée ? Alors, c’est parti !

Creations de Dejan Stojkov : résumer l’histoire de la Serbie en 3 minutes

Un peu d’histoire…

Le vidéaste Dejan Stojkov nous livre un message fort dans son œuvre « Créations ». Derrière les images projetées, on découvre l’histoire de la Serbie, surnommée le « berceau de la démocratie » dans les Balkans. Le pays a eu une histoire mouvementée : les soulèvements contre les Turcs au XIXe, la création de la principauté de Serbie, l’invasion autrichienne puis nazie… Lors du second conflit mondial, le royaume devient l’unité fédérée de la république fédérative socialiste de Yougoslavie. La Serbie est l’une des six républiques fédérées à la Yougoslavie communiste, avec, à sa tête, le dictateur Tito.

Différentes républiques vont vouloir quitter la Yougoslavie et déclarer leur indépendance, provoquant un conflit militaire. C’est le début des conflits de la guerre de Yougoslavie, particulièrement violents qui eurent lieu à la fin des années 1990. La Yougoslavie sera le théâtre de nombreux crimes de guerre qui feront environ 130.000 morts. gé d’une trentaine d’années, l’artiste a lui-même vécu les bombardements. Progressivement, au cours des années 1990, la république de Yougoslavie va se dissoudre. Trois ans après la scission de la Serbie et du Monténégro, en 2009, la Serbie fait sa demande d’adhésion à l’UE.

Raconter l’histoire d’un pays en 3 minutes, quel défi !

Lorsque Dejan Stojkov a appris qu’il devait réaliser une animation à propos de son pays, il m’a raconté qu’il était particulièrement excité par l’idée, mais conscient du défi que représentait ce projet. Raconter l’histoire d’un pays en plus ou moins 3 minutes relève de la prouesse ! Comme il le dit lui même :

«C’était très dur, car je pourrais parler de mon pays pendant 48h sans pause».

Pour faire face à ce gigantesque sujet, il a d’abord procédé à une collecte d’informations, auprès de ses proches : comment percevaient-ils leur pays ? Qu’est ce que leur évoquait la Serbie ? Ainsi, il a pu rassembler de précieuses idées, s’enrichir d’autres points de vue que le sien. C’est ainsi qu’il a trouvé l’inspiration pour créer cette animation, faite sur mesure pour la façade de l’ancienne mairie, et qui invite le spectateur à une véritable expérience visuelle et auditive.

La thématique de la création

Les scientifiques, les guerres, la situation géopolitique de la Serbie…Un mot ressortait de toute cette foule d’informations : la création. Cette thématique est, selon Dejan Stojkov, profondément liée à l’histoire de la Serbie. En effet, selon lui, les serbes ont toujours été impliqués dans un processus de création. De nombreux jeunes artistes serbes créent de l’art, de nombreux scientifiques serbes questionnent la vie, les choses. Drames et guerres ont touché le peuple serbe, mais ce dernier n’a jamais cessé de créer et d’innover encore, et encore, comme Dejan Stojkov dans son travail, projeté chez nous, à Bourges.

Cette force créative est au cœur de l’œuvre. C’est ce qu’elle évoque au travers de penseurs serbes qu’ils soient scientifiques, mathématiciens, ou philosophes. Parmi eux, Nikola Tesla (de profil) et Michael Pupin (de face).

Citoyens et créateurs de la Serbie, et du monde de demain

Ces mêmes personnages pensèrent à des innovations si grandes qu’elles ont changé nos vies : Nikola Tesla a inventé la Wardenclyffe Tower, un projet qui inaugurait l’idée d’une énergie sans fil, gratuite, pour tous. Le nom de ce scientifique serbe a également été emprunté par une célèbre entreprise : celle d’Elon Musk, mais pas seulement. En effet, l’unité internationale d’induction magnétique se mesure en “tesla”, en hommage à ce physicien, qui a travaillé avec Thomas Edison, pionnier de l’électricité. Mais il serait bien ambitieux de vous résumer ce grand personnage ici !

Quelques mots également sur Pupin, dont les recherches ont permis d’améliorer la transmission des communications téléphoniques sur les longues distances, notamment grâce à un système de bobines ; ces dernières portent désormais son nom.

Tous les avions et bombardements projetés évoquent l’ambivalence de ces créations, positives parfois, ou détournées à de mauvaises fins. En effet, Dejan Stojkov dit lui-même : « la Serbie a survécu aux bombardements, mais bien des humains n’ont pas pu y échapper, et de nombreux grands esprits comme Nikola Tesla ont été forcés de contribuer à cela, en devenant les soldats d’une énergie négative ». L’artiste sous-entend dans sa projection que même ces esprits ouverts et brillants, ont pu voir leurs idées orientées à de mauvaises fins : les avancées scientifiques de ces mêmes hommes ont elles-mêmes servi des guerres entre les hommes ou des batailles afin de s’accaparer certaines ressources.

Un message d’espoir

La fin de la projection rappelle l’actualité de ce passé. En effet, ces événements-là s’éloignent de nous, mais il est nécessaire pour nous d’apprendre de ce passé. L’œuvre se clôt par une marche gaie, colorée et en musique. Cette nouvelle génération arrive, avec ses propres créations colorées pour changer ce monde, et en créer un nouveau, fait d’énergies positives. L’œuvre fait collaborer l’art, la science et la technologie, et joue avec les lumières et l’architecture. Elle parle de création dans une création. L’artiste fait preuve de son devoir de mémoire, par la production de ce message visuel qui nous invite à un voyage dans le temps et l’espace. Il nous livre un message personnel, une appropriation de sa propre histoire et un message d’espoir pour le présent et le futur.

Découvrir les Nuits Lumière avec les Mystères de Bourges et Bonjour Sassou

L’intégralité de notre promenade audio “Mes Nuits bleues” est toujours disponible en ligne, pour vous accompagner lors de votre promenade nocturne, au jardin de l’archevêché, à l’Hôtel Lallemant… Six épisodes vous expliquent en détails les projections des Nuits Lumière de Bourges. Vous pouvez même y trouver une version pour les enfants.

Laissez-vous guider, en suivant les lumières bleues…

Je tiens à remercier Dejan Stojkov et Maximilianas Oprishka d’avoir accepté de répondre à nos questions. Un grand merci à eux pour leur aide, leur disponibilité, leur infinie gentillesse et leurs précieuses explications ; sans leur collaboration, la réalisation de ce projet aurait été impossible. Je leur en suis très reconnaissante.

N’hésitez pas à écouter ou réécouter les épisodes créés l’an passés, et celui sur Dejan Stojkov.

Vous pouvez également découvrir l’article que j’ai écrit autour de l’œuvre de Maximilianas Oprishka.

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